Defend the defenders – la lutte continue
Chaque année, à l’occasion de la journée internationale des droits humains, la campagne #DefendTheDefenders bat son plein. Cette campagne, organisée par une large coalition de syndicats, d’ONG et de mouvements sociaux a pour but de se montrer solidaire avec les défenseur‧e‧s. des droits humains. En cette journée de célébration des 73 ans de la Déclaration universelles des Droits Humains, faisons le point.
Petit rappel – le danger de défendre les droits humains
Partout dans le monde, des activistes et des organisations sociales luttent pour le respect des droits humains. Ces personnes sont mises sous pression, menacés et violentés. Ainsi, en Colombie, au Chili, au Guatemala ou encore aux Philippines, en Afghanistan ou en Palestine et même en Europe (pensons à la Pologne par exemple), les gouvernements et grandes entreprises répriment les protestations des citoyens réclamant le respect de leurs droits et ceux de l’envrionnement. Les formes de pression utilisées sont parfois légales (lois répressives, arrêt des subventions, non respect des engagements pris) et parfois illégales comme l’intimidation, la disparition, les arrestations extra-judiciaires et même les assassinats. Les défenseur‧e‧s des droits humains sont donc en danger dans de nombreux pays et la société civile est confrontée à une tendance de « shrinking civic space. ». Rien qu’en 2019, selon les signalements réalisés au Mémorial international pour les défenseurs des droits humains, 304 défenseur‧se‧s des droits humains auraient été assassinés.
En 2020, les défenseur‧e‧s des droits humains étaient davantage menacés en raison de la crise du COVID-19. Nous comptions 331 défenseur‧e‧s tués, selon l’ONG Frontline Defenders.
Par ailleurs, selon l’ONG CIVICUS, 87 % de la population mondiale vit dans un pays où la société civile est soumise à de graves restrictions. (au 1er janvier 2021).
J’écrivais déjà un article sur ce sujet l’année passée : ici
Je y mentionnais donc que j’avais relayé la campagne Defend the Defenders auprès de la Ministre Kitir qui, en réponse à mes questions orales, avait mentionné l’accent qu’elle mettrait sur les principes du « enabling civid space » durant son mandat. Elle avait également mentionné la création d’un plan concret sur base des recommandations de l’étude « claiming back civic space » du CNCD 11,11,11 ainsi que l’élaboration de notre propre mécanisme de protection des défenseur‧e‧s des droits humains à la suite d’une étude analysant les mécanismes existants.
Lire la réponse de la Ministre Kitir.
Où en est-on aujourd’hui ?
Un an après ces engagements, il est temps de faire le point.
La Ministre avait mentionné l’année passée que les résultats de l’étude des mécanismes de protection des défenseurs de droits humains existants devaient être connus pour juin 2021 et le rapport final pour fin 2021. J’interrogerai la Ministre Kitir à ce sujet.
La Ministre de la coopération au développement nous a par ailleurs présenté sa note de politique générale décrivant ses lignes d’attaque pour l’année à venir. Plusieurs éléments sont intéressants :
1. Elle y reconnaît le rôle crucial que joue la société civile pour le respect des droits humains et de la démocratie, directement liés au développement durable ;
2. Elle mentionne le lancement d’un appel à projets en 2021 dans le but de soutenir la société civile ;
3. Des coopérations avec des ONG internationales qui fourniront une assistance financière, techniques et un refuge au besoin, aux défenseur‧e‧s des droits humains en Afrique ainsi qu’une aide pour assurer une politique de respect de droits humains ;
4. Une augmentation du budget alloué au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) ainsi que le soutien des bureaux nationaux dans certains pays ;
5. Focus sur les droits humains, la démocratisation et le rétrécissement de la sphère sociale dans les rapports bilatéraux avec la Palestine, l’Ouganda et la RD Congo ;
6. Un quart du budget de la solidarité internationale sera alloué à la coopération non gouvernementale.
Les réclamations de la société civile
Dans une lettre ouverte adressée aux ministres de la coopération au développement et des affaires étrangères, Mesdames Kitir et Wilmès, les organisateurs de la campagne #DefendTheDefenders réclament les actions suivantes :
– La mise en place par la Belgique de mécanismes de protection efficaces pour les militant·e·s des droits humains et de l’environnement à travers le monde
– La défendre des activistes des droits humains, les militants pour l’environnement et les mouvements sociaux dans ses contacts diplomatiques
– Une politique extérieure cohérente pour ce qui est des droits humains
Outre cela, lors de la présentation de son rapport sur la situation des défenseurs et défenseuses des droits humains à la 46e Session du Conseil des droits de l’homme de mars 2021, la rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme a identifié des recommandations qu’elle a adressées directement aux états-membres des Nations Unies. Elle fait du meurtre des défenseurs et défenseuses des droits humains comme une priorité de son travail.
A Suivre donc !
Je ne manquerai pas de revenir sur les engagements de la Ministre Kitir à propos de la protection des activistes des droits humains et de l’interroger sur ses actions durant l’année prochaine.
Lors de mon prochain échange avec elle, je lui demanderai :
– Où en est l’étude lancée début 2021 et quels en sont les résultats
-Quel est le contenu du plan d’action sur base des recommandations de l’étude « claiming back civic space » du CNCD 11.11.11 ?
– Un mécanisme de protection des activistes en matières de droits humains propre à la Belgique a-t-il été établi ? Si oui, quel est-il ?
– Quel a été le résultat de l’appel à projets soutenant la société civile lancé en 2021 ?
– Quels sont les objectifs que la Belgique défendra au Sommet de la démocratie du 9-10 décembre 2021 ?
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