Les COP sur le Climat (Conférences des Parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) reste un moment crucial qui vise à renforcer les engagements pris par les parties et à construire de façon multilatérale les grands axes de notre avenir climatique.
Pour les écologistes, ce moment reste d’une importance centrale, vis-à-vis duquel nos attentes se concentrent sur une ambition à la hauteur des enjeux, et la construction d’une justice climatique.
1. Rehausser les ambitions en termes d’atténuation
Revoir les engagements nationaux
On le sait, les Accords de Paris de la COP21 ont scellé l’objectif de maîtriser le changement climatique sous les 2°, et idéalement 1,5°. Depuis, tous les 5 ans, les pays doivent remettre leurs Contributions nationales déterminées. Vu l’état des engagements pris par les pays, le pacte de Glasgow a acté que les pays devaient revoir leurs engagement pour 2022. En ce début de COP27, seuls 23 pays ont remis leurs ambitions à jour et le cumul de ces engagements nous orientent encore vers un réchauffement de 2,5°d’ici 2100.
L’année dernière, à la COP26, l’Europe, avec le soutien de la Belgique, a rejoint la coalition des pays à haute ambition (la HAC). Par contre, la Belgique n’a pas rejoint en son propre nom cette coalition, par blocage de la Flandres.
Sortir des énergies fossiles
On le sait, la maîtrise du changement climatique passe par la sortie des énergies fossiles, qui à elles-seules sont responsables à l’origine de 70 % des émissions de CO2 dans le monde1. Cette sortie n’est toujours pas actée dans les décisions des COP. Pour la première fois, la COP26 y faisait allusion, mais s’est contentée d’acter un « fasing down » et pas un « fasing out ».
Comme écologistes, on attend une révision de cette ambition, et une perspective claire de sortie de ces énergies (qui représentent encore 85 % du mix énergétique mondial).
2. Concrétiser la justice climatique vis-à-vis des pays dits du « Sud »
A travers le financement climatique
Les pays du Sud sont historiquement les moins responsables du changement climatique, mais en sont les premières victimes. Face à ce constat, la COP15 de Copenhague en 2009 a acté l’engagement des pays du Nord mettre en place un Financement climatique à hauteur de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Cette échéance a été postposée à 2023 à la COP26 mais doit être réévalué à la hausse dès 2025. Nous sommes toujours actuellement à 83 milliards (chiffres maximalistes de l’OCDE), et l’essentiel de ces montants ne sont pas additionnels aux montants de l’aide publique au développement, ce qui est pourtant au cœur de l’engagement. La Belgique a augmenté sa contribution minimale au financement climatique à 138 millions d’euros. C’est bien, mais insuffisant au regard de ses capacités et sa responsabilité historique.
A travers le financement des pertes et préjudices
Un autre enjeu est celui des pertes et préjudices. Reconnus depuis la COP13, ils ne bénéficient toujours pas d’un mécanisme de financement propre. Lors de la COP26, la Wallonie et l’Écosse ont montré le chemin en mettant sur la table un financement spécifique. L’enjeu de cette COP est à la fois la perspective d’un mécanisme de financement spécifique et de montants ad hoc.
A ce titre, les écologistes portent une résolution parlementaire à la Chambre et en région flamande, demandant à la Belgique de soutenir ces exigences.
J’en parle ici : https://severinedelaveleye.ecolo.be/2022/10/25/resolution-pertes-prejudices/
3. Un focus particulier sur les droits humains
La COP27 se tient en Égypte. Depuis le coup d’État par le général Al-Sisi en 2013, les opposants politiques, les journalistes, les syndicalistes ou encore les défenseurs des droits humains et environnementaux font l’objet d’une répression brutale par le biais de stratégie d’intimidation, d’incarcération de masse, de disparitions forcées, de traitements inhumains et dégradants ou encore de torture. L’organisation de la COP n’a pas mis fin à ces abus, qui se poursuivent impunément. Il est donc nécessaire que cette COP soit une opportunité pour mettre en lumière ces abus, faire pression sur les autorités pour libérer les prisonniers politiques et bien sûr montrer qu’il ne peut y avoir de justice climatique sans respect des droits humains et des processus démocratiques.
A ce titre, les écologistes portent actuellement une résolution parlementaire à la Chambre, et les parlementaires écologistes des pays européens présents à la COP ont fait la demande publique de visiter une dizaine de prisonniers politiques pendant leur participation aux travaux.
J’en parle ici : https://severinedelaveleye.ecolo.be/2022/11/03/1208/
Pourquoi ai-je décidé d’y aller ?
Cette année, une partie de nos ministres du Climat et de l’énergie seront bien entendu présent.e.s (Zakia Khattabi comme cheffe de délégation, Philippe Henri et Tinne Van Den Straeten).
Par ailleurs, les divers parlements (fédéral et régionaux) envoient un cota de parlementaires. Bruxelles, vu le contexte égyptien, à l’initiative du Président de la commission climat du parlement, Tristan Roberti, a décidé de ne pas envoyer de représentant.e.s.
La parlement Wallon envoie 2 parlementaires, le parlement flamand un, et le fédéral trois.
Comme vice-présidente de la commission climat à la Chambre, j’ai un droit de participation. J’ai décidé de m’y rendre pour diverses raisons, parmi lesquelles l’importance de défendre la vision des écologistes sur la justice climatique, et spécifiquement sur les pertes et préjudices, au coeur de cette COP. On ajoutera que la présence des lobbyistes du secteur fossile représente une fois encore la plus grande délégation et qu’on peut donc légitimement vouloir peser aussi dans le débat, au côté de la société civile, et enfin, il faut le souligner, je serai la seule femme parlementaire présente.
Avec mes collègues Jean-Philippe Florent et Tristan Roberti, restés en Belgique, nous ferons donc notre travail de parlementaires pendant la COP, à savoir contrôler nos gouvernements, communiquer sur les enjeux, faire remonter les voix des sociétés civiles !