Résolution visant à protéger les droits des femmes et des filles en Afghanistan
Suite à la situation de conflit que connaît l’Afghanistan depuis des années et suite à la prise de Kaboul par les talibans le 15 août 2021, le parlement fédéral a adopté une résolution visant à protéger les droits des femmes et des filles en Afghanistan.
Un peu de contexte
Après des décennies de guerres et d’occupation étrangère, la situation en Afghanistan s’était à nouveau dégradée depuis plusieurs mois qui voyait la reprise progressive des territoires par les talibans au pouvoir.
Les six premiers mois de 2021 ont vu un demi-millions de nouveaux déplacés, dont 80 % de femmes et d’enfants. L‘UNICEF avertissait que la moitié de la population – soit plus de 18 millions de personnes, dont près de 10 millions d’enfants, – avait besoin d’une aide humanitaire. Le PAM estimait qu’une personne sur trois était déjà confrontée à un risque de faim sévère ou aiguë avant l’été.
Depuis la prise de Kaboul par les talibans le 15 août 2021, la situation générale s’est encore détériorée, et ce concernant tous les aspects des droits humains fondamentaux.
Suite à l’arrivée des talibans, plusieurs dizaines de milliers d’afghans ont été évacués, craignant pour leur vie (membres du personnel local des missions diplomatiques et des contingents militaires et ressortissants étrangers en danger) pendant que plusieurs milliers d’autres personnes ayant coopéré avec la communauté internationale au cours des deux dernières décennies ont été abandonnés sur place, en danger de mort.
Dans ce contexte, la question des droits des femmes et des filles est particulièrement préoccupante.
En effet, les talibans ont annoncé vouloir établir un régime théocratique basé sur une interprétation stricte de la sharia, et qu’ils sont disposés à préserver les droits acquis ces vingt dernières années, notamment des femmes et des filles, mais « uniquement si ceux-ci sont compatibles avec la sharia ».
Dès le mois de septembre, malgré leurs promesses de mettre en place un gouvernement inclusif, les talibans ont annoncé la formation d’un gouvernement intérimaire, sous la direction de Muhammad Hassan Akhund, dans lequel aucune femme ou personnalité non talibane ne sont présentes. Le ministère des affaires féminines a par ailleurs été directement démantelé.
Depuis le mois de septembre, les témoignages d’abus des droits humains perpétrés par le régime taliban s’accumulent, tout spécifiquement vis-à-vis des femmes, des personnes LGBT et de minorités ethniques et religieuses, ainsi que des journalistes.
Parmi les violences de genre, on soulignera l’interdiction d’étudier, de travailler, de manifester, le harcèlement, les violences sexistes, mariages forcés, etc.
Une résolution
C’est dans ce cadre que le parlement a souhaité porter une résolution visant à protéger les droits des femmes et des filles en Afghanistan en demandant à la Belgique de se positionner sur la scène internationale en soutien au peuple afghan en général, et aux femmes et filles en particulier.
Lien vers la résolution
En vue de documenter cette résolution, des auditions ont eu lieu à la chambre le 4 octobre 2021 avec trois membres de l’ONG Mothers for Peace.
Les demandes principales que nous adressons au gouvernement :
– Promotion et protection des droits et libertés fondamentaux des femmes et filles en Afghanistan : dans la limite des relations de la Belgique avec l’Afghanistan qui ont lieu dans le cadre strictement nécessaire du point de vue logistique, opérationnel et humanitaire, de garder une attention constante et toute particulière à la promotion et à la protection des droits et libertés fondamentaux des femmes et filles en Afghanistan, et d’insister sur la dimension égalité des genres;
– Participation des femmes : de veiller à ce que les femmes soient activement associées à toutes les initiatives bilatérales et multilatérales;
– Soutien à la société civile et des militants : de soutenir les initiatives de la société civile qui œuvre en faveur d’une amélioration des droits et libertés des femmes et des filles en Afghanistan, notamment en lien avec les violences à l’encontre des femmes et de faire tout son possible pour soutenir les militants afghans qui œuvrent en faveur des droits humains et des valeurs fondamentales;
– Demande d’un commission d’enquête : d’appeler le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à adopter une résolution visant à envoyer une mission d’enquête en Afghanistan et d’insister fortement auprès de la communauté internationale pour qu’elle mette en place un mécanisme de surveillance afin d’enquêter sur les violations des droits humains dénoncées, et en particulier sur les violations des droits des femmes, ainsi que du droit international humanitaire, et de demander des comptes aux responsables;
– Protection et soutien aux réfugiés : d’assurer, en coopération avec nos partenaires européens, le soutien aux personnes pouvant bénéficier de notre protection encore présentes en Afghanistan et qui désirent quitter le territoire et accueillir dignement, sur le sol belge, toute personne mise en danger par l’accession au pouvoir des talibans et qui rencontre les conditions de réfugié contenues dans la Convention de 1951 relative au statut de réfugié ainsi que dans les articles 48/3 et 48/4 de la loi du 15 décembre 1980 sur l’accès au territoire, le séjour, l’établissement et l’éloignement des étrangers, et de continuer à faire tout ce qui est en son pouvoir pour rendre possible la sortie du pays de celles et ceux qui la réclament.
Cette résolution nous tient particulièrement à coeur car le respect des droits des femmes et des filles, la solidarité internationale et une politique migratoire humaine sont des valeurs fondamentales pour les écologistes.