Sommet sur les systèmes alimentaires de l’ONU
#FoodSystem4People
Le 12 juillet sortait le rapport “L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde” de la FAO, de l’OMS, d’UNICEF. Ce rapport confirme que la faim ré-augmente depuis 2014, et qu’en 2020 elle a touché 10 % de la population mondiale. Les principales causes identifiées sont la crise du COVID, les conflits et le changement climatique.
Pendant ce temps là, un sommet des Nations-Unies sur les systèmes alimentaires est en cours de préparation et se déroulera en septembre 2021. L’objectif annoncé de ce Sommet est d’opérer une transformation de nos systèmes alimentaires, pour les rendre durable, et les mettre au coeur des Objectifs du Développement Durable. Beau programme !
Pourtant, cette semaine, du 26 au 28 juillet, avait lieu un Pré-Sommet de préparation. Dans ce cadre, la société civile et le secteur paysan ont organisé une contre-mobilisation.
Pourquoi une contre-mobilisation ?
Depuis des mois, des scientifiques actifs dans le domaine de l’agriculture, les sociétés civiles, le secteur paysan et les organisations des peuples indigènes dénoncent la main mise des acteurs de l’agro-business sur les débats du Sommet.
Le Sommet des systèmes alimentaires est le fruit d’un partenariat entre l’ONU et le Forum économique mondial (qui rassemble les 1000 plus grandes entreprises du monde). En découle différentes impasses.
Tout d’abord, l’agenda des entreprises de l’agro-business se retrouve donc au coeur des débats (le recours aux biotechnologies, aux OGM, aux intrans chimiques, etc).
Ensuite, les débats du Forum, envisagent la nourriture comme une marchandise, et non comme un droit humain fondamental.
Par ailleurs, le Forum s’organise dans l’opacité quant à la sélection des parties-prenantes et des décideurs.
La contre-mobilisation visait dès lors à dénoncer les fausses-solutions portées par les parties-prenantes du Sommet, à réaffirmer les enjeux que sont le droit à l’alimentation et la souveraineté alimentaire, et à remettre les vraies questions au centre des débats, notamment celles liées à l’accaparement des terres, à l’exploitation agricole, au changement climatique, à l’effondrement des écosystèmes, etc.
Pour aller plus loin : http://www.fian.be/IMG/pdf/policy_brief_final-french.pdf
Revenir sur la contre-mobilisation: http://www.fian.be/Des-centaines-d-organisations-de-base-se-mobilisent-contre-le-Sommet-des
L’agroécologie comme horizon pour nos systèmes alimentaires
Les acteurs de la contre-mobilisation appellent à mettre l’agroécologie au centre de la réflexion sur les systèmes alimentaires.
Dans ce cadre, la Coalition contre la Faim formule trois recommandations pour la Belgique dans le cadre du Sommet en préparation, mais aussi au-delà.
1. Mettre le droit à l’alimentation au centre de toutes les discussions, et adopter un format permettant une gouvernance publique des systèmes alimentaires, compatible avec une approche de droits humains.
2. L’agroécologie et ses principes doivent être reconnus comme le paradigme qui guide la transformation des systèmes alimentaires. Ils doivent être au centre des débats et solutions pour transformer les systèmes alimentaires.
3. Le CSA est l’institution internationale et intergouvernementale légitime pour une gouvernance inclusive des systèmes alimentaires, elle doit avoir un rôle central pour discuter des résultats du sommet et de leur mise en œuvre.
Par ailleurs, un « cadre unificateur pour la transformation des systèmes alimentaires » a ainsi été rédigé par plus de 800 organisations agricoles et la société civile appelant les gouvernements, les entreprises et la société civile à mettre l’agroécologie et l’agriculture biologique à l’agenda du Forum. Cet appel se base sur le constat que le concept « d’agriculture durable » est utilisé de façon et d’intensité variables en fonction des groupes d’intérêts présents dans les négociations. L’appel acte la nécessité d’une transformation des systèmes agroalimentaires mondiaux pour faire face à l’urgence climatique et aux défis environnementaux, socio-économiques et sanitaires croissants que ces systèmes génèrent. L’appel souligne que des améliorations progressives au modèle industriel actuel ne suffisent pas mais qu’un changement de paradigme audacieux est nécessaire pour repenser nos systèmes agroalimentaires. Pour ce faire, l’appel cible 13 principes clés. Dans ce cadre, parmi les recommandations formulées pour les gouvernements, la cohérence des politiques, le soutien aux marchés locaux et territoriaux dans la production et l’approvisionnement d’aliments issus de systèmes agricoles diversifiés sont mis en avant.
Voir l’appel
En marge de cette contre-mobilisation, j’interpelle notre gouvernement.
La Belgique s’est jusqu’ici tenue en retrait du processus du Forum. Aucun dialogue national n’a été organisé en vue du Sommet et c’est la Ministre flamande de l’agriculture qui nous y représentera.
Pourtant, le fédéral a un rôle central à jouer dans ces questions, tant à travers son Aide publique au développement qu’à travers son travail de coordination de la cohérence des politiques pour le développement et le développement durable.
Comme écologiste je partage très largement l’analyse et les préoccupations relayées par la contre-mobilisation.
Je mettrai donc les enjeux de ce sommet à l’agenda de la commission des relations extérieures, à travers les questions suivantes :
– Quel message la Belgique compte-t-elle tenir au Sommet ? Comment a-t-il été concerté entre les entités fédérées ? Quelle concertation a eu lieu avec la société civile et les partenaires de la coopération belge ?
– La Belgique prévoit-elle de signer l’appel à un cadre unificateur pour la transformation des systèmes alimentaires ?
– Le rapport SOFI rappelle que la sécurité alimentaire est un enjeu de taille qui nécessite des moyens exceptionnels vu les effets de la pandémie jusqu’en 2030. Qu’avez-vous entrepris pour atteindre les 15% de budget soutenant l’agriculture et la sécurité alimentaire au sein du budget total de la coopération belge, tel que la Belgique s’y est engagé en 2018 ?