Mais qu’est-ce que le financement climat ? Une question de solidarité, de juste et d’efficacité !
C’est l’engagement financier pris collectivement par les pays dits « développés », les pollueurs historiques, à soutenir les pays dits en développement face aux défis climatiques. Les pays du Sud sont particulièrement vulnérables au dérèglement climatique alors qu’ils sont historiquement les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre.
Cet engagement a été pris en 2009 lors du sommet sur le climat de Copenhague (COP15).
Par ailleurs, l’Accord de Paris (2015) confirme un engagement des pays « développés » vis-à-vis des pays « en développement ». Il s’agit de les accompagner dans leurs efforts d’atténuation (limitation des émissions de GES) et d’adaptation aux conséquences des changements climatiques (adaptation). Cet engagement des pays « développés » est une condition aux efforts consentis par les pays « en développement ».
Le financement climat est donc tant une question de solidarité et de justice, c’est aussi une condition d’efficacité pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
De combien parlons-nous ? Sommes-nous à la hauteur de nos engagement ?
Lors de la COP15, les pays « développés » se sont engagés à atteindre collectivement l’objectif de 100 milliards $ annuels, nouveaux et additionnels (donc en plus de l’enveloppe consacrée à la coopération au développement), et ce d’ici à 2020. Par ailleurs, les pays développés se sont engagés à ce que leurs contributions au financement climat international soient croissantes. L’Accord de Paris confirme l’objectif collectif de 100 milliards de dollars annuels, nouveaux et additionnels, dès 2020 et prévoit l’adoption d’ici 2025 d’un nouvel objectif annuel de financement climat, partant de ce montant plancher.
Il n’y a pas consensus pour savoir si l’objectif des 100 milliards a été atteint, par manque d’une lecture commune sur ce qui peut ou non être comptabilisé comme tel.
L’OCDE parle d’un montant atteint en 2018 de 78,9 milliards de dollars en 2018. Les observateurs appellent à la prudence dans la lecture de ce rapport, et soulignent notamment que ce montants recouvrent partiellement des prêts, et non des dons.
Oxfam de son côté décompte uniquement un montant net de 19 à 22,5 milliards de dollars pour la période 2017-2018.
Et la Belgique, que fait-elle ? Faisons-nous assez ?
La Belgique a fourni la majorité de ses financements climat sous forme de subventions, et non de prêts, en mettant la priorité sur les pays les moins avancés. Ce qui est une très bonne chose.
La Belgique s’est engagée à une contribution de 50 millions €/an, répartie entre les Régions et le gouvernement fédéral, pour la période 2013-2020.
Donc, depuis le 31 décembre 2020, la Belgique n’a plus d’engagement en termes de financement climat international.
Par ailleurs, le montant de 50 millions n’est pas à la hauteur du profil de notre pays. En effet, l’engagement de 50 millions € correspond seulement à 0,06% du financement total en 2020 alors que la Belgique est le dix-huitième pays le plus riche du monde (d’après la Banque mondiale) et que notre pays se classe pourtant à la 19e place des pays à la plus forte empreinte écologique du monde.
Il faut aussi souligner que les montants portés par la Belgique ne sont ni croissants, ni nouveaux, ni additionnels. En effet, la plupart des fonds alloués (99% en 2019) sont à charge du budget de l’aide publique au développement (qui est lui-même insuffisant).
Selon des calculs effectués par le CNCD-11.11.11 sur base des capacités financières de notre pays et de notre degré de responsabilité, il ressort qu’une contribution équitable belge atteindrait au moins 500 millions €/an.
Et mon travail dans ce dossier ?
Je suis intervenue plusieurs fois sur ce dossier en commission. Lors de l’analyse de l’accord de gouvernement, et à travers plusieurs questions, tant à Mme Kitir qu’à Mme Khattabi.
Ce que je mets en avant sont les enjeux suivants :
– Un accord doit-être trouvé entre le fédéral et les régions au plus vite, bien avant la COP26 !
– La nouvelle contribution doit-être plus équitable et croissante !
– La nouvelle contribution doit-être additionnelle au budget de coopération au développement !