Ce 29 avril 2020, j’ai posé une question à la Ministre fédérale de l’environnement, Mme Marghem, sur la recrudescence du plastique à usage unique en cette période de crise sanitaire.

En effet, la crise sanitaire a réveillé le secteur du plastique. Le 8 avril, l’EuPC, l’association européenne des transformateurs de matières plastiques, a adressé un courrier à la Commission européenne. Dans ce courrier, l’association appelle la Commission européenne à suspendre pendant un an la mise en place de la Directive (UE) 2019/904 du 5 Juin 2019 relative à la réduction de l’incidence de certains produits en plastique sur l’environnement, dite directive « single use plastic ». Ce courrier stipule notamment : « We would like to draw the attention to the benefits of plastic products and in particular single-use applications during the difficult times we are experiencing at this moment in history. (…) Many independent studies repeatedly show that plastics is the material of choice for ensuring hygiene, safety as well as preservation from contamination ».

L’Europe, par le biais de Vivian Loonela, porte parole sur les enjeux environnementaux de la Commission, a répondu à cette lettre en insistant sur la nécessité de continuer les efforts en matière de réduction de l’usage du plastique à usage unique.

Évidemment, les réactions de la société civile ne se sont pas fait attendre. Ce dont on ne peut que se réjouir. Inter-Environnement Wallonie (IEW) a publié une réponse à ce courrier intitulée « Economie circulaire et COVID : de la prudence à l’indécence ». Le mouvement international Break Free From Plastic a, lui, envoyé une lettre ouverte à la Commission européenne intitulée « A post COVID-19 world – Enabling lasting solutions to the plastic pollution crisis for a more resilient economy ». Enfin, Greenpeace a réagi via une lettre dont le titre est « How the plastic industry exploited anxiety about COVID-19 to attack reusable bags ». Ces trois documents synthétisent à merveille les enjeux de l’interdiction du plastique à usage unique et décortiquent la stratégie utilisée par le secteur de la production du plastique afin de tirer profit de la crise sanitaire.

Au-delà de cette stratégie développée par le secteur plastique, nous constatons toutes et tous une augmentation du plastique à usage unique dans la grande distribution.

En France, par exemple, Elipso (la fédération des entreprises de l’emballage plastique et souple), a fait une enquête auprès d’un peu plus de la moitié de ses adhérents. Cette enquête révèle que plus de la moitié des fournisseurs d’emballages pour l’alimentaire dont les produits sont destinés à la grande distribution font face à une hausse de leur activité. Pour 20 % des sondés, cette croissance est de 10 à 20 %. Elle atteint 20 à 30 % chez 17 % des répondants.

Pourtant, aucune analyse scientifique ne montre que cet usage nous prémuni du virus.

Dès lors, en commission ce 29 avril, j’ai posé les questions suivantes à la Ministre Marghem :

– Un monitoring de la mise sur marché de plastique à usage unique est-il initié à l’échelle nationale?

– Dans le cas contraire, envisagez-vous de mobiliser le SPF Environnement pour mettre en place un tel monitoring ?

– Identifiez-vous un risque sur les résultats belges en termes de diminution de nos déchets plastiques à l’avenir ?

La Ministre a répondu qu’aucun monitoring de la mise sur le marché de plastiques à usage unique n’a été mis en place. Elle toutefois insisté sur l’engagement actif des différents pouvoirs dans la transposition de la directive relative au plastique à usage unique.

Face à cette réponse, j’ai rappelé que la crise COVID nous rappelle cruellement la vulnérabilité de notre santé face à l’effondrement des écosystèmes et on sait à quel point le plastique à usage unique impacte nos écosystèmes. Pour illustration, nous produisons en moyenne 300 millions de tonnes de plastiques par an et environ 8 à 12 millions de ces plastiques finissent dans les océans1.

Par ailleurs, le plastique contient des additifs de la catégorie des perturbateurs endocriniens et n’est donc jamais une réponse adéquate en termes de santé.

Nous devons sortir du plastique à usage unique, et ce le plus vite possible !