Solidarity Action : Justice for human rights defenders in the Philippines

En ce 6 octobre 2020, j’ai été soutenir la « Solidarity Action : Justice for human rights defenders in the Philippines » qui se tenait devant l’Ambassade des Philippines à Bruxelles.

Stop the Killings !

 

J’ai un lien particulier avec les Philippines. En effet, lorsque j’étais coordinatrice de l’ONG Quinoa, j’ai eu le privilège de collaborer avec une ONG philippine. Cette ONG « PDG »  était dirigée par un avocat, défenseur des droits humains, Benjamin Ramos. Le 6 novembre 2018, Benjamin Ramos a été assassiné parce qu’il défendait les droits des petits paysans qui s’organisaient pour réclamer leurs droits.

Le contexte de l’assassinat de Benjamin Ramos : assassinats extrajudiciaires et disparitions forcées

 

Les Philippines sont tristement connues pour être un pays dans lequel les assassinats extrajudiciaires sont récurrents. Sous la présidence de Gloria Arroyo (2001 – 2010), Karapatan (une plateforme d’organisations de défense des droits humains) estime qu’il y a eu 1200 assassinats extrajudiciaires et 200 disparitions forcées. Depuis l’arrivée du Président Duterte en 2016, la situation s’est encore détériorée.

Par ailleurs, l’espace dévolu à la société civile ne cesse de se réduire (Shrinking Place). Les défenseur·se·s des droits humains, des journalistes et des militant·e·s font régulièrement l’objet de menaces, de harcèlement, d’intimidations et de violences en raison de leur volonté de révéler des cas présumés d’exécutions extrajudiciaires et d’autres violations des droits humains dans le pays. D’après le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme (HCDH), au moins 208 défenseur·se·s des droits humains, journalistes et syndicalistes, dont 30 femmes, ont été tué·e·s entre janvier 2015 et décembre 2019. Rien qu’en 2019, 43 défenseur·se·s du droit à la terre ont été tué·e·s, dont la plupart étaient des responsables locaux qui participaient activement à des campagnes contre les projets miniers et l’agro-industrie.

En parallèle, Duterte mène une « guerre anti-drogues ». D’après le HCDH, les assassinats liés à la campagne anti-drogues menée par le gouvernement sont « généralisés et systématiques ». D’après les données du gouvernement, au moins 8 663 personnes ont été tuées dans cette « guerre » mais selon certaines estimations, ce chiffre serait jusqu’à trois fois plus élevé. La majorité des victimes sont originaires de communautés pauvres et marginalisées. Le président Duterte a explicitement encouragé les forces de police à procéder à des exécutions extrajudiciaires et leur a promis l’immunité. De plus, les policiers impliqués dans de telles pratiques ont bénéficié de promotions.

Lors de la 44e session du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, la Haute Commissionnaire Michelle Bachelet a relayé les violations systématiques des droits humains aux Philippines et a souligné l’impunité totale pour ces violations. Elle a aussi souligné la rhétorique persistante des autorités qui incite à la violence vis-à-vis des femmes, de la société civile, des défenseur·se·s des droits humains, etc.

Mais depuis, la situation continue de se détériorer. Début juillet 2020, le Président Duterte a signé un « Anti-Terror Act » qui ouvre la voie à de nouvelles limitations et pressions vis-à-vis des défenseur·se·s des droits humains. De plus, rien que cet été, de nouveaux assassinats de défenseur·se·s des droits humains ont eu lieu. Il s’agit des assassinats de Jory Porquia, de Randall «Randy» Echanis et de Zara Alvarez.

En attendant, depuis le 25 décembre 2014, les Philippines bénéficient de préférences commerciales renforcées dans le cadre du système de préférences généralisées de l’Union européenne. Et ce, alors que ce statut dépend de la ratification et de la mise en œuvre de 27 conventions internationales sur les droits humains et le droit du travail, la protection de l’environnement et la bonne gouvernance. Dans ce cadre, en 2019, 25% du total des exportations philippines vers l’UE (près de 2 milliards d’euros) ont bénéficié d’un traitement préférentiel.

Au Parlement, je travaille à ce que la voix de ces défenseur·se·s des droits humains soit entendue.

J’ai pu accueillir, le 30 septembre 2019, des membres de Rise Up, un réseau qui soutient et défend les survivant·e·s et les familles des victimes des assassinats extrajudiciaires liés à la « guerre contre la drogue ».

Photo prise le 30 septembre 2019 à l’occasion de la venue des membres de Rise Up

 

J’ai par la suite interpellé le Ministre De Croo au sujet de la sécurité des partenaires de la Coopération belge au développement aux Philippines ( 17 décembre 2019).

 

 

Enfin, à l’occasion de la 45e session du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies qui se tenait du 14 septembre au 6 octobre 2020, j’ai remis une question au ministre des Affaires étrangères, Philippe Goffin. Lors de cette session, je lui ai demandé, à partir de sa place de membre observateur, si la Belgique allait soutenir la demande de la société civile et du Parlement Européen (dans sa Résolution du 17 septembre 2020) d’une résolution visant à mettre en place une enquête internationale indépendante sur les violations des Droits de l’Homme commises aux Philippines depuis 2016. Je n’ai pas obtenu de réponse à cette question car le gouvernement a changé. Mais depuis, nous connaissons l’issue de ce Conseil et seule une Résolution “Technical cooperation and capacity building for the promotion and protection of human rights in the Philippines” a été prise. Celle-ci ne comprend pas les éléments du rapport Bachelet, ni d’engagement fort pour une enquête internationale.

→  Le nouveau gouvernement étant formé, j’ai déposé une question orale à notre nouvelle ministre des affaires étrangères, Mme Wilmès, pour savoir si :

– La Belgique va-t-elle soutenir le déclenchement du mécanisme qui pourrait conduire à la suspension des avantages commerciaux dont les Philippines bénéficient au niveau européen ?
– La Belgique a-t-elle pu mener des démarches ces derniers mois pour faire pression sur les autorités philippines ?

Celle-ci n’a pas encore pu être discutée en commission.

 

Affaire à suivre…