La Belgique doit faire face à son passé colonial.

C’est en ce sens que mon prédécesseur, Benoit Hellings, avait déposé en 2017 une proposition de résolution concernant le travail de mémoire à mener en vue de l’établissement des faits afin de permettre la reconnaissance de l’implication des diverses institutions belges dans la colonisation du Congo, du Rwanda et du Burundi.

Les écologistes sont en faveur d’un travail de mémoire concernant les phénomènes structurels liés au colonialisme et ce, à tous les niveaux de notre société tant du point de vue des activités économiques, sociales que culturelles.

C’est dans ce cadre qu’il est particulièrement important de se pencher sur les collections de nos musées. En effet, celles-ci sont constituées d’oeuvres culturelles et cultuelles acquises par le vol dans un contexte colonial. Plus grave encore, une enquête du journaliste Michel Bouffioux mettait en lumière, en mars 2018, la présence de restes humains dans les collections de nos musées scientifiques fédéraux.

J’interrogeais le ministre Clarinval, en charge de la politique scientifique, sur les enjeux de la restitution, en commission ce 10 mars 2020.

– Où en est le travail d’inventaire des collections et de documentation des origines des acquisitions des oeuvres?
– Qu’en est-il du groupe de travail sur la restitution des restes humains annoncé par la ministre Zuhal Demir du temps où c’était elle qui était en charge de la politique scientifique? Qui le compose? Des premières pistes de conclusions sont-elles disponibles?

En réponse à ma question, le ministre Clarinval a, d’une part, souligné que chaque établissement scientifique était en charge de la tenue de l’inventaire des collections publiques qui lui sont confiées. Ce à quoi je n’ai manqué de lui rappeler que bien que l’exécution de l’inventaire relève des établissement scientifiques, le rôle de l’Etat est bien de donner une orientation politique forte en la matière et de favoriser, soutenir, voire faciliter le travail à réaliser par nos musées en la matière.

D’autre part, le groupe de travail s’est bien réunit en février 2019 et se serait accordé sur une approche « scientifique et juridique » de la question. Et le ministre de préciser que « Lorsque des demandes de restitution de restes humains se présentent, leur examen doit porter avant tout surla légitimité du demandeur à obtenir une restitution. En cas de reconnaissance de la légitimité de la demande, une étude sur la provenance des restes humains devra être réalisée en toute objectivité et indépendance, conformément aux bonnes pratiques en matière de recherche scientifique« . Une rhétorique hautement questionnable selon moi : pourquoi mettre l’accent sur la légitimité des demandeurs de la restitution plutôt que sur notre légitimité, à nous, de détenir des restes humains ?! J’ai exhorté le ministre à veiller à ce que les travaux du groupe de travail avancent sans délai, car il faudra apporter rapidement des réponses aux questions légitimes de peuples demandant le retour de restes humains acquis sur leur sol.