Avec les collègues du parlement, nous avons décidé de remettre la santé et les droits sexuels et reproductifs de notre politique étrangère au coeur de nos préoccupations en portant une résolution commune.
Une bonne santé sexuelle et reproductive signifie que les personnes peuvent avoir une vie sexuelle satisfaisante et sûre, avec la personne de leur choix, mais aussi procréer et décider librement si, quand et à quelle fréquence elles le font.
Pour préserver leur santé reproductive, ces personnes doivent avoir accès à des informations précises et à la méthode contraceptive sûre de leur choix. D’une part, si elles décident d’avoir des enfants, les femmes doivent avoir accès aux services qui peuvent les aider à vivre une grossesse et un accouchement sûrs et à avoir un bébé en bonne santé. D’autre part, aucune femme ne devrait être contrainte de mener à terme une grossesse non désirée et aucune femme ne devrait mourir des suites d’une grossesse ou d’un accouchement.
Pour préserver la santé sexuelle, il faut garantir aux personnes, quelques soient leur genre et orientation sexuelle, d’exercer leurs droits, le droit de choisir mais aussi, bien sûr leurs droits à la santé notamment par l’accès aux traitements pour les maladies sexuellement transmissibles.
Cette question est au cœur de celle des droits humains et des objectifs du développement durable. Un monde durable passe nécessairement par le droits pour chacun et chacune de jouir de ses droits sexuels et reproductifs. C’est bien sûr consacré dans les objectifs de développement durable, mais aussi dans de nombreux cadres internationaux.
C’est une évidence, et pourtant, partout sur la planète, les droits sexuels et reproductifs des femmes, mais aussi des personnes LGBTQI, restent trop souvent soit négligés, soit attaqués.
Les périodes de crises sont à ce titre des périodes particulièrement dangereuses pour les femmes et les personnes LGBTQI. L’accès aux soins de santé primaires devient plus difficile, les violences augmentent, en ce compris les violences basées sur le genre et cela porte gravement atteinte à notre santé et nos droits sexuels et reproductifs.
On l’a vu avec la crise du COVID chez nous mais aussi dans les pays plus fragiles, on le voit dans toutes les situations de guerre, et malheureusement elles sont nombreuses, y compris à nouveau en Europe. Cela étant, ne nous leurrons pas, ces crises ne se résoudront pas demain et la crise climatique renforce elle-aussi les dangers sur la santé sexuelle et reproductive des femmes et des filles.
Les constats aujourd’hui, on les connaît.
– Chaque année, près de 300.000 femmes meurent des suites de complications liées à leur grossesse ou à leur accouchement
– La moitié de toutes les grossesses dans le monde sont non intentionnelles.
– Environ 60 % des grossesses non intentionnelles dans le monde aboutissent à un avortement, légal parfois, mais souvent illégal, et donc dangereux
– Les mutilations sexuelles féminines restent massives dans certaines régions.
– le VIH tue une vie par minute malgré l’existence de traitements et les nouvelles infections augmentent à nouveau depuis 10 ans.
Malgré ces défis, la santé sexuelle et reproductive est confrontée à un déficit de financement tant pour l’accès à la contraception, que pour la prévention des IST en ce compris le VIH.
Pour plus d’information de ces constats, voir le travail d’analyse fait par Sensoa : https://www.sensoainternational.be/uploads/8/3/6/3/83631092/sensoa_oda-rapport_fr.pdf
A côté de ces constats factuels, on voit les politiques conservatrices s’implanter de façon préoccupante, en ce compris dans le monde occidental. Le recul des cours suprêmes aux États-Unis et en Pologne sur le droit à l’IVG nous montre que les macho politics s’installent partout et doit nous alerter. Or, le droit à l’IVG est la pierre angulaire des droits sexuels et reproductifs des femmes.
Ceci étant, quand il s’agit de défendre à l’échelle internationale la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes et des personnes LGBT, la Belgique fait partie des bons élèves. Pourtant, un appel du parlement sur ces questions centrales en termes de droits humains reste pertinent parce qu’il contribue à cette ligne.
Par ailleurs, plusieurs dimensions méritent toujours d’être renforcées et c’est l’objet des nombreuses demandes de cette résolution :
Je pense notamment à l’appel à financer la santé sexuelle et reproductive dans nos politiques de coopération à la hauteur des enjeux, mais aussi de mettre ces préoccupations au cœur de nos politiques de coopérations, dans les programmes multilatéraux et bilatéraux. Cela doit aussi être le cas dans l’aide humanitaire.
Dans nos politiques diplomatiques aussi, en ce compris intra-européennes, on doit se montrer proactifs à défendre les droits des femmes, en ce compris leurs droits sexuels et reproductifs et en ce compris le droit à un avortement sûr et légal.
Les droits sexuels et reproductifs sont des droits humains fondamentaux, ils sont au cœur de l’égalité entre les femmes et les hommes, ils sont au cœur des droits des personnes LGBT. La base d’un monde juste et équitable pour les femmes et les jeunes filles dans toute leur diversité est le droit de disposer de leur corps.
Ces droits doivent être défendus, partout, et nécessitent des moyens adéquats.
Je suis donc heureuse d’avoir pu porter ce texte et de le voter.
Mon corps, mon choix, ma santé, mes droits !