Nous sommes en pleine 6e extinction de masse, nos limites planétaires sont pour la plupart déjà dépassées, notre climat se dérègle à une vitesse effrayante, et pendant ce temps là, notre système économique extractiviste lorgne sur les grands fonds marins.
Nos océans, qui sont des réservoirs irremplaçables de biodiversité, et qui sont les régulateurs indispensables de notre climat, sont déjà malades, s’acidifient, se vident, et pendant ce temps là, notre système économique extractiviste lorgne sur les grands fonds marins.
Les scientifiques alertent sur la fragilité des écosystèmes marins, même les nations-Unies réunies à la COP15 appellent à protéger et même restaurer nos océans, et pendant ce temps là, notre système économique extractiviste lorgne sur les grands fonds marins.
Pourquoi le secteur privé et plusieurs Etats lorgnent-ils ? Pour les minerais qui s’y trouvent sous la forme nodules et sulfures polymétalliques ou de croûtes cobaltifères.
Depuis les années 70, alors qu’on connaissait déjà l’existence de ces ressources minérales dans les fonds marins, elles ont été déclarées « patrimoine commun de l’humanité » et il est prévu qu’elles soient développées dans « l’intérêt de l’humanité ».
Les adeptes de l’économie extractiviste nous expliqueront que l’exploitation de ces minerais relève de « l’intérêt de l’humanité », car elle serait nécessaire à la demande croissante des minerais dont à besoin la transition énergétique.
Ils minimisent ou négligent les effets irrémédiables que ce type d’activité a sur la santé des océans et de ses éco-systèmes. Et ce n’est pas des écologistes doux-dingues, ni même des activistes de Look-down qui le disent. Les scientifiques montrent de façon de plus en plus étayée les effets de cette extraction sur la biodiversité marine, et surtout ils alertent sur le fait que l’ampleur de ces effets ne sont pas encore connus.
Même le Secrétaire général de l’Autorité internationale des fonds marins le dit, et je le cite : « Il est toutefois évident que l’exploitation minière aura, dans une certaine mesure, des conséquences sur l’environnement marin, en particulier près des activités minières. Par exemple, celles-ci pourront entraîner la destruction d’organismes vivants, la disparition de l’habitat et la formation de panaches sédimentaires. D’autres dégâts pourront être causés par le mauvais fonctionnement du mécanisme de remontée et de transport, des fuites hydrauliques et la pollution acoustique et lumineuse. »
Et malgré tout, malgré l’urgence environnementale, malgré les alertes des scientifiques et de nombreuses autorités, des entreprises privées, avec le soutien de plusieurs pays, dont la Belgique, explorent depuis plusieurs années les fonds pour se préparer à leur exploitation.
L’Autorité internationale des fonds marins, chargée de réglementer l’exploration et l’exploitation des ressources minérales des grands fonds marins, avance à grand pas pour établir ce cadre qui permettra de passer à la phase d’exploitation proprement dite.
Pourtant, depuis le début de la phase d’exploration, le monde a changé. L’urgence de préserver notre nature devient de plus en plus criante, et les appels à ne pas enclencher la phase d’exploitation se multiplient donc. Ces appels demandent un moratoire sur l’exploitation. En tout cas tant que les effets sur l’environnement marin ne sont pas complètement maîtrisés.
Malheureusement, au niveau belge, les adeptes du moratoire sont peu nombreux.
Nous avons essayé, plusieurs fois, avec nos alliés, de faire voter le moratoire au parlement. Jusqu’ici sans succès. Mais nous avons obtenu un engagement : que la Belgique, qui se targue d’être Blue Leader à l’échelle internationale, suive le principe de précaution.
Mais nous savons qu’à ce stade, le moratoire est à ce jour le seul levier pour garantir un minimum le principe de précaution.
Nous, les écologistes, demandons ce moratoire. Nous affirmons que notre transition, certes urgente et nécessaire, ne peut pas de faire sur le dos de nos éco-systèmes. C’est même un non sens.
Plutôt que vouloir saccager nos océans, concentrons nous amplifier les efforts en cours en économie circulaire, en efficacité énergétique, et partout où c’est nécessaire, en termes de sobriété.
Nous ne sommes pas encore entendus par nos partenaires de majorité, qui placent encore trop souvent les bénéfices économiques de quelques entreprises au dessus des intérêts des populations.
Merci donc à vous, la société civile, de continuer le combat, à faire pression sur nos partenaires de majorité, comme on le fait autour de la table, pour que la Belgique puisse se ranger enfin du côté des pays qui demandent un moratoire !
Nous n’avons qu’une seule planète, une seule nature, elle est notre assurance vie : protégeons-là