Elle s’ouvre avec les mots du Secrétaire général des Nations-Unies disant : « A cause de notre appétit sans borne pour une croissance économique effrénée et inégale, l’humanité est devenue une arme d’extinction massive »…

Le terme extinction massive n’est pas une vue de l’esprit. Le rapport de l’IPBES (le GIEC de la biodiversité) de 2019 alertait sur la 6e extinction de masse en cours. Pour rappel, il mentionne qu’environ 1 million d’espèces animales et végétales (sur les 8 millions d’espèces connues) sont menacées d’extinction, qu’au total, 75 % de la surface terrestre est altérée de manière significative, 66 % des océans subissent des incidences cumulatives de plus en plusimportantes et plus de 85 % de la surface des zones humides ont disparu.1

Les causes sont connues : changement d’usage des terres (dont la déforestation), la sur-exploitation des espèces, le changement climatique, les pollutions, et les espèces envahissantes).

Les conséquences aussi : des impacts économiques (la moitié de l’économie mondiale dépend de la biodiversité), impacts sur nos systèmes alimentaires et notre accès à l’eau, des impacts sur notre santé, tant physique que mentale, etc. Dans le cas de la biodiversité aussi, les impacts sont différenciés entre les pays du Sud et les pays du Nord. En bref, l’effondrement des écosystèmes met en péril l’avenir de l’humanité sur terre, au même titre que le changement climatique et auquel cet effondrement est lié.

Les efforts passés : La COP15 doit produire une nouvelle stratégie mondiale pour la biodiversité. Le précédant, pour la période 2011-2020, avait 20 objectifs (dits « Objectifs d’Aichi »). A la clôture du plan stratégique, il a été évalué que seulement quatre des vingt objectifs présentent de réels progrès et qu’aucun n’ont été totalement atteints. Notons aussi qu’en termes de financements, les politiques qui détériorent la biodiversité reçoivent toujours plus de financement que celles qui visent à la protéger. D’après l’OCDE, «les pouvoirs publics consacrent à peu près 500 milliards USD par an à des actions de soutien qui sont susceptibles de nuire à la biodiversité, soit cinq à six fois plus que la totalité des dépenses en sa faveur. Le volume total des flux financiers dommageables (dépenses publiques et privées confondues) est probablement plusieurs fois supérieur2. 

L’enjeu central de cette COP15 ? On attend de cette COP qu’elle soit l’équivalent de ce que furent les Accords de Paris pour le Climat, qui avaient acté l’engagement des États parties de maintenir le changement climatique à 1,5°.

Dans ce cadre ci, on attend des États qu’ils actent la protection de 30 % des terres et de 30% des mers d’ici 2030 (cible 30×30). Actuellement seuls 16,6 % des terres et 7,7 % des mers sont protégées.3

Il s’agit aussi d’améliorer le niveau de protection des ces espaces, protéger les 70 % restants, restaurer la nature partout où c’est possible, mettre fin aux subsides publics pour les politiques polluantes, concrétiser un phasing out progressif des pesticides chimiques, etc.

D’autres points d’attention sont importants pour nous, écologistes, notamment : un financement juste des pays du Sud pour la protection de leurs écosystèmes dont nous dépendons largement, une reconnaissance accrue du rôle des communautés autochtones dans la gestion des écosystèmes, un moratoire sur l’exploitation minière en haute mer, un moratoire sur les manipulations génétiques, etc.

La Belgique, grâce à l’implication de ses ministres verts, dont Zakia Khattabi qui sera la cheffe de délégation pour la Belgique, s’est engagée depuis juillet 2021 dans la « High Ambition Coalition » (la Coalition de la haute ambition pour la nature et les peuples). Cette initiative réclame l’adoption de la cible 30×30. La Ministre fédérale s’est aussi engagée à mettre en place une stratégie belge spécifique dès la fin de la COP15.

Avec ma collègue de Groen, Barbara Creemers, nous avons porté la première résolution sur la biodiversité au niveau fédéral en vue de cette COP. J’en parlais ici : https://severinedelaveleye.ecolo.be/2021/06/15/la-perte-de-la-biodiversite-une-crise-aussi-importante-que-la-crise-climatique/. Ensemble, nous veillerons à ce que cette future stratégie soit à la hauteur des enjeux.