Un nouveau rapport de l’IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) est sorti le 8 juillet 2022. Il porte sur l’usage durable des espèces sauvages. Après lecture du résumé pour les décideurs politiques, voici très brièvement ce que j’en retiens.

Constat

Des milliards de personnes utilisent chaque jour des espèces sauvages (végétales et animales) à des fins multiples (alimentation, énergie, matériaux, médecine, loisirs, inspiration, etc.) qui contribuent de manière essentielle à leur bien-être. L’accélération de la crise mondiale de la biodiversité, avec un million d’espèces de plantes et d’animaux menacées d’extinction, menace ces contributions aux populations (les populations des pays du Sud en première ligne).

Risques

Les risques majeurs pour les espèces sauvages sont connus : surexploitation et changement climatique, mais aussi changement d’affectation des terres (pour l’agriculture intensive et l’exploitation minière), pollutions, et diffusion d’espèces invasives.

1) Le changement climatique devrait entraîner de multiples changements, tels que la modification de la répartition des espèces sauvages et de la dynamique des populations, l’augmentation de la fréquence des événements extrêmes, les cycles des nutriments et les changements écologiques. Le changement climatique exacerbera davantage les vulnérabilités et les inégalités sociales, y compris économiques.

2) Surexploitation : La croissance des populations humaines et de la consommation entraînera une pression accrue sur les espèces sauvages. Par exemple, la demande mondiale de poisson devrait presque doubler d’ici le milieu du siècle. La demande de bioénergie à base de bois devrait augmenter alors que, dans le même temps, la couverture forestière mondiale continue de diminuer en raison de l’augmentation de l’exploitation forestière et de la mortalité due au changement climatique. Les pratiques non extractives, y compris le tourisme de nature, sont également susceptibles de se développer et de générer des tendances environnementales négatives résultant, par exemple, de l’augmentation des déchets.

3) Si les progrès technologiques pourront avoir une incidence positive (notamment rendre plus efficaces certaines pratiques extractives sur l’utilisation future des espèces sauvages), leur impacts négatifs sont tout aussi réels. (Bref, ici il faut comprendre que les technologies ne sont pas LA solution à nos problèmes).

Conclusion

Des objectifs ambitieux sont nécessaires mais pas suffisants. Des changements transformateurs sont nécessaires pour garantir une utilisation durable et pour renforcer la durabilité de l’utilisation des espèces sauvages.

1) Les changements qui permettent une utilisation durable des espèces sauvages intègrent notamment une action concertée, inclusive et participative, la reconnaissance de formes de connaissances plurielles, une distribution équitable des coûts et des bénéfices, ainsi que des institutions et des systèmes de gouvernance efficaces à tous les niveaux.

2) Ces changements doivent aussi intégrer un changement culturel : « Pour parvenir à un changement transformateur concernant l’utilisation des espèces sauvages, il faut s’orienter vers une vision commune tout en reconnaissant les différents systèmes de valeurs et les différentes conceptualisations de l’utilisation durable. L’utilisation durable des espèces sauvages bénéficiera d’un changement transformateur dans la conceptualisation dominante de la nature, passant du dualisme homme-nature profondément ancré dans de nombreuses cultures à une vision plus systémique selon laquelle l’humanité fait partie de la nature ».

Plus d’info sur le rapport : https://ipbes.net/media_release/Sustainable_Use_Assessment_Published