La contraception masculine – l’heure a sonné pour l’égalité !

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Le groupe fédéral Ecolo-Groen a récemment déposé un texte de résolution visant à mettre en œuvre une politique de soutien à la contraception masculine.

La réflexion sur les enjeux de la contraception prend sa place petit à petit dans la débat politique et publique. La contraception féminine hormonale (la pilule) a été, et reste, un formidable outil d’émancipation pour les femmes leur permettant d’avoir le contrôle de leurs corps et leur fertilité. Cette contraception engendre néanmoins une importante charge mentale, financière et médicale sur celles-ci.

Ainsi les mentalités évoluent et de nombreuses femmes réclament davantage une implication de leurs partenaires dans la charge contraceptive. Elles rappellent par là que les hommes, fertiles 100 % du temps contrairement à elles, doivent prendre leur part dans le partage de la responsabilité et de la charge de la contraceptive.

 

 

Pourquoi demander un meilleur partage de la responsabilité contraceptive ?

Tout d’abord, parce que la pilule, contraception principale chez les femmes, a un coût. Des efforts importants ont été fait entre 2000 et 2020 pour l’accessibilité financière à la pilule, mais cette accessibilité reste partielle, et les femmes restent en première ligne pour en assumer le coût.
Par ailleurs, divers effets secondaires sont documentés : d’un ressenti de « camisole hormonale », en passant par des douleurs et céphalées, risques de saignements irréguliers pour les progestatifs, acné, tensions mammaires, jusqu’à, plus exceptionnellement, des risques d’accidents thromboemboliques veineux et artériels.
Et enfin, c’est bien entendu une question d’égalité entre les femmes et les hommes. Chacun est responsable de sa propre fertilité. C’est une manière d’être autonome ou de venir renforcer la protection de son/sa partenaire.

Existe-il déjà des méthodes contraceptives masculines ?

Oui ! Bien que seules deux sont reconnues par les autorités médicales.

Le préservatif externe qui est le plus courant et qui est aussi un outil central dans la prévention des maladies et infections sexuellement transmissibles.

La vasectomie est aussi mobilisée, mais dans une perspective irréversible et donc souvent par des hommes ou des couples ayant déjà pris leurs décisions en matière familiale. Ce recours reste timide, bien qu’il augmente petit à petit.

D’autres méthodes ont émergé ces dernières années.

Les contraceptions thermiques chez l’homme, qui reposent sur l’arrêt de la spermatogenèse, induit par la chaleur. Elles se déclinent sous la forme de slip chauffant ou d’anneau thermique. La contraception hormonale masculine consiste elle en l’injection intramusculaire de testostérone et met fin à la production de spermatozoïdes. Celle-ci a été validée par l’OMS mais a besoin d’être plus soluble et stable pour qu’elle puisse devenir un contraceptif oral. Il existe également le Vasalgel, un gel hormonal qui consiste en une injection dans le canal déférent du pénis qui bloque alors la sortie des spermatozoïdes. Il est réversible mais apparaît peu lucratif pour les entreprises pharmaceutiques car il s’effectue une seule fois.

Les freins au développement de la contraception

Bien que différentes méthodes existent déjà, l’offre est réduite sur le marché des contraceptifs masculins. Cela peut se justifier par trois freins étroitement liés entre eux.

1- Les freins symboliques et cultures : La société patriarcale et la répartition des rôles entre les femmes et les hommes considèrent les femmes comme responsables de la gestion des naissances, dès le début du développement de la contraception médicale, réservant ainsi le développement de la contraception aux femmes seules. Du fait de ces biais culturels, la responsabilité contraceptive peut être vue comme une menace à la vérilité par certains hommes. Bien que les effets secondaires liés aux contraceptifs masculins sont similaires à ceux observés chez les femmes, ils sont toutefois considérés comme un obstacle dans la poursuite des études scientifiques.

2- Les freins professionnels : L’approche de la contraception par les professionnels de santé est influencée à la fois par leur formation, par les discours des entreprises pharmaceutiques, mais aussi par la représentation des rôles genrés en matière de contraception. Un manque flagrant de connaissance de la contraception masculine et de la formation y afférente se ressent donc directement à la source. Ils sont donc très peu recommandés aux hommes.

3- Les freins techniques : La contraception masculine suscite peu d’intérêt au sein du corps médical, de l’industrie pharmaceutique et de la part des pouvoirs publics. Il en résulte un manque d’investissement dans la recherche, directement lié aux deux premiers freins mis en exergue. L’industrie pharmaceutique n’est souvent pas prête à investir dans des recherches coûteuses sans perspectives claires de rentabilité, recherches qui s’arrêtent souvent avant la fin et n’aboutissent dès lors pas à la commercialisation.

Et en Belgique ?

En Belgique, la pilule contraceptive féminine est le moyen de contraception le plus utilisé (étude de l’Institut Solidaris, 2017), concernant un peu plus de la moitié des femmes contraceptées. 51 % des femmes souhaiteraient que leur partenaire assume la contraception, tandis que 41 % des hommes se disent disposés à la prendre. Près d’une femme sur deux (46%) déclare décider seule de la contraception du couple. 87% des femmes payent seule leur contraceptif, contre 78% des hommes recourant à la contraception.

Le préservatif externe excepté, la contraception masculine n’est pas non plus intégrée de façon aboutie dans les programmes d’EVRAS. Il n’existe par ailleurs pas de filières de recherche et d’enseignement en matière d’andrologie sur son territoire.

A ce titre, je vous renvoie vers le travail de ma collègue Margaux De Ré qui a elle aussi, déposé un texte au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, avec un accent sur la sensibilisation de la contraception dans le milieu scolaire.

Toutefois, une volonté politique émerge quant au développement de la contraception. Ainsi tant l’accord de gouvernement que la Secrétaire d’État à l’Égalité des genres, à l’Égalité des chances et à la Diversité mentionnent y apporter une attention particulière.

Nos demandes au gouvernement 

Du côté du parlement fédéral, avec mes collègues Ecolo-Groen, nous avons déposé une proposition de résolution demandant au gouvernement :

– de stimuler et financer la recherche des contraceptifs masculins et leur accessibilité sur le marché,

– de soutenir les formations et la sensibilisations des acteurs de terrain, ainsi que du public,

– d’établir un plan d’action concret afin de dépasser les rôles genrés en matière de contraception

– de soutenir les initiatives des acteurs de terrain et des entités fédérées pour sensibiliser le public aux contraceptifs masculins.

Nous défendrons notre texte prochainement en commission. La suite à venir !

Plus d’info ?

L’avis n°159 du Centre de l’Egalité des chances entre Hommes et femmes, propose plusieurs recommandations. Lire ici

Et le travail de la Fédération des centres de planning familial qui brosse un aperçu de la contraception: ici