Aujourd’hui, le parlement a voté une résolution sur le commerce illégal de la viande sauvage proposée par ecolo-groen en mai 2020.

Contexte de la résolution

 

La résolution a été prise dans un contexte de pandémie particulièrement difficile. On le sait, le COVID est une zoonose, donc une maladie infectieuse qui se transmet naturellement de l’animal à l’humain, probablement transmise par le Pangolin, donc un animal sauvage. D’où le besoin assez urgent de réguler cette pratique pour éviter le risque croissant de pandémie à l’avenir.

L’effondrement des écosystèmes nous menace plus que jamais. On le sait, nous vivons dans un contexte de 6e extinction de masse. On estime qu’un million d’espèces sont menacées d’extinction. La surexploitation directe des organismes vivants (via la chasse, la pêche et l’exploitation forestière non durables ou illégales, notamment) est l’un des principaux facteurs directs du déclin des espèces. Une résolution pour protéger ces espèces était fondamentale.

En outre, les experts expriment leurs inquiétudes au public, notamment à travers une étude menée par une équipe de recherche et le SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement. Une conférence donnée par plusieurs acteurs du secteur et intitulée “Dead or alive: Towards a sustainable wildlife trade – One World One Health recommendations” abordait le sujet en décembre 2019.

Qu’est-ce que le commerce d’espèces sauvages ?

 

Le commerce d’espèces sauvages est un commerce d’animaux et de plantes sauvages non domestiqués (vivants ou morts) et de tout produit qui en est dérivé.

Le commerce illégal d’espèces sauvages est reconnu comme un domaine spécialisé du crime organisé.

On estime que les montants générés par ce trafic s’élèvent à des dizaines de milliards de dollars par an et qu’il se classe dès lors dans les premiers rangs en termes de bénéfices générés, après le trafic d’êtres humains, d’armes et de drogue.

Conséquences du commerce illégal

 

Le commerce d’espèces sauvages, et de leur viande en particulier, engendre différents types de conséquences.

Les premières conséquences concernent la biodiversité.

Le commerce des espèces sauvages participe à la surexploitation des espèces dans la nature et contribue à l’extinction de plusieurs espèces. La chasse des animaux sauvages et la consommation de leur viande conduit potentiellement à l’extinction de bon nombre d’espèces d’animaux sauvages.

Pour rappel, le dernier rapport d’évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques de l’IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) confirme que, à travers le monde, des espèces et des écosystèmes disparaissent rapidement: un million d’espèces sont menacées d’extinction. La surexploitation directe des organismes vivants (via la chasse, la pêche et l’exploitation forestière non durables ou illégales, notamment) est dénoncée comme étant l’un des principaux facteurs directs du déclin des espèces.

La transmission d’agents pathogènes est en outre à pointer du doigt . Le commerce d’espèces d’animaux exotiques, qu’elles soient sauvages ou élevées en captivité, peut faciliter la transmission d’agents pathogènes ayant des effets néfastes sur la faune sauvage. Liée à cela, l’introduction d’espèces exotiques envahissantes ont également un impact néfaste sur la biodiversité indigène.

Ensuite, le commerce de viande sauvage a un impact sur notre alimentation. En perturbant l’équilibre des écosystèmes, on affecte les services, notamment en termes d’alimentation. À l’échelle mondiale, près de la moitié de la population humaine dépend directement des ressources naturelles pour sa subsistance.

Enfin, ce commerce d’espèces sauvages, spécifiquement animales, a un impact sur la santé humaine. On estime ainsi que 60 % des maladies infectieuses et 75 % des maladies émergentes décrites chez les êtres humains sont d’origine animale. Ce fut le cas lors des dernières grandes pandémies, notamment celles du COVID-19 et du SRAS. Les zoonoses présentent un plus grand risque de transmission soit lors d’une exposition directe d’un humain à un animal soit lors d’une exposition d’un humain à des produits qui sont issus de l’exploitation animale, que ce soit à travers l’exploitation d’animaux dans les élevages ou par la consommation de viande sauvage.

Les enjeux sont donc multiples: le commerce des espèces sauvages peut participer à la surexploitation des espèces dans la nature, à perturber l’équilibre des écosystèmes, à affecter les services rendus par la nature à la population et à impacter la santé humaine.

Et, pourtant, ce commerce illégal est peu documenté et encore mal maîtrisé.

Cadre législatif

 

Un cadre existe pour protéger les espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction.

Tout d’abord, la CITES, qui est la Convention des Nations Unies sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. Cette Convention protège 5800 espèces animales et 30.000 espèces de plantes.

Mais attention, la législation CITES ne s’applique pas à toutes les espèces sauvages, elle ne couvre que les espèces menacées d’extinction.

La Convention CITES, est complétée par différentes législations, au niveau Européen, fédéral et régional.

Le commerce illégal en Belgique

 

Il n’y a pas de chiffres officiels sur la vente et la consommation de viande sauvage (de facto illégale) en Belgique et dans l’Union européenne.

Une étude menée par une équipe de recherche et le SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement estime l’importation illégale de viande à plus de 44 000 kg chaque année, et cela uniquement via l’aéroport de Bruxelles-National (d’autres voies d’entrée doivent donc être aussi considérées).

Les enjeux

 

L’étude du SPF Santé publique, ainsi que la conférence multi-acteurs mettent en avant des enjeux et difficultés.

1) Manque de moyens pour les équipes de contrôles : en termes de moyens humains, outils, locaux, etc.)

2) Le manque de formation des équipes de contrôle

3) Efficacité des contrôles : les douanes constatent et détruisent, l’AFSCA seule peut dresser des procès verbaux

4) Sensibilisation des voyageurs

Ce que nous réclamons

 

Nous demandons ainsi d’élaborer, conjointement avec l’administration des douanes ainsi qu’avec les autorités compétentes en matière de sécurité alimentaire, de santé animale et de conservation de la nature, un plan d’action national visant à mettre fin au commerce illégal de viande sauvage;

Ce plan devra notamment:

– Recueillir des données

– Prévoir des moyens nécessaires aux douanes et autres services d’inspection

– Renforcer la formation des agents

– Améliorer la collaboration entre les services et compléter la législation européenne et fédérale pour mettre en œuvre des sanctions proportionnées

– collaborer étroitement avec les aéroports et compagnies aériennes pour lutter contre le commerce de viande sauvage

– Sensibilisation des voyageurs

– Plaider ce dossier au niveau européen

Lien vers la résolution

Plus d’info ?

Pourquoi l’importation de viande sauvage alimente le risque de pandémie ?