La situation actuelle en Haïti est critique et ce, depuis plusieurs années. Depuis longtemps et spécialement depuis que le gouvernement de Jovenel Moïse a été mis en place en 2017, de nombreux problèmes de respect des droits humains, de l’état de droit, de démocratie, d’impunité et de corruption sont dénoncés. En plus de cela, les politiques économiques mises en œuvres par l’État Haïtien, le sont en violation des droits des populations locales et au détriment de l’environnement, du patrimoine historique et culturel et de l’agriculture.

Après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, des entreprises multinationales, l’État haïtien et des hommes d’affaires locaux ont développé des mégaprojets contraires aux intérêts fondamentaux des populations locales : exploitation minière, zones franches industrielles, touristiques et agro-industrielles… Ces projets s’accompagnent souvent de persécution, de violence, d’intimidation et d’accaparement de terres. C’est ce qui ressort notamment d’une note récente publiée en novembre 2020 par une dizaine d’organisations de défense des droits des paysan.ne.s après avoir effectué une mission d’observation dans les départements du Nord et du Nord-Est du pays. Les paysans se voient alors extorquer leurs terres par de faux titres de propriété et ainsi privés de leurs droits de propriété, de cultiver, de se nourrir, …

J’avais déjà interrogé le Minitre De Croo en juillet 2020 au sujet d’attaques armées contre l’association haïtienne SOFA qui cultive des terres aujourd’hui convoitées pour la mise en œuvre d’un projet d’agro-industrie. Mr De Croo avait à l’époque répondu de manière assez superficielle que la société civile et les partenaires locaux, dont SOFA, continuaient à bénéficier du soutien financier de la Belgique.

La situation est urgente en Haïti et nécessite une réaction de la part de notre pays et des instances internationales. Il est temps que nous agissions afin de soutenir le rétablissement d’une situation démocratique et sécuritaire dans ce pays.

En concertation avec la société civile, j’ai donc interrogé la Ministre en charge de la coopération au développement, Me Kitir, sur cette question en lien avec ses engagements. En effet, elle s’est engagée dans son exposé d’orientation politique en faveur de la sécurité alimentaire et du soutien de petites exploitations agricoles.

Je lui ai demandé quelle était l’attention que l’ambassade belge avait portée à ce problème lors de sa visite dans le nord d’Haïti début décembre et quel soutien la Belgique apporterait à la société civile haïtienne.

A cela, la Ministre a répondu que l’ambassade avait réalisé des visites de terrain et rencontré les acteurs locaux ainsi que le premier ministre et le ministre des affaires étrangères. Elle a en outre mentionné qu’un nouveau cadre stratégique commun (CSC) était actuellement en cours.

J’ai salué le contact que la Belgique garde avec la société civile sur place et espère que le plan stratégique pour soutenir Haïti en cours de planification recevra l’appui  nécessaire pour venir en soutien aux acteurs locaux.