J’ai coordonné pendant 14 ans une ONG dont la mission principale est l’éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire (ECMS). Cette expérience marque mon regard sur la coopération au développement en tant que députée. Or, l’ECMS est aujourd’hui confrontée à une diminution de ses moyens totalement déraisonnable au vu des bénéfices qu’elle apporte à la société dans son ensemble.
Qu’est-ce que l’Education à la citoyenneté mondiale et solidaire ?
L’ECMS est une dimension de l’Aide Publique au Développement qui a pour missions de :
– favoriser la compréhension globale des enjeux internationaux et du développement et l’acquisition d’un regard critique ;
– provoquer des changements de valeurs et de comportements sur les plans individuel et collectif en faveur d’un monde plus juste et solidaire ;
– susciter l’exercice actif de droits et de responsabilités aux niveaux local et global, en faveur d’un monde plus juste et solidaire. Ces actions comprennent le plaidoyer politique et le renforcement des capacités des acteurs de solidarité internationale.
C’est donc une éducation « qui ouvre les yeux des individus aux réalités du monde et les incite à œuvrer pour davantage de justice, d’équité et de droits humains pour tous dans le monde » (Conseil de l’Europe).
De plus, l’ECMS est centrale dans l’atteinte des Objectif du Développement Durable (ODD) des Nations Unies. En effet, si un pays veut relever les défis pointés par les ODD, il doit s’assurer d’obtenir les soutiens nécessaires auprès de sa population. Autrement dit, il doit s’assurer, d’une part, que sa population comprend les enjeux liés à l’extrême pauvreté, aux inégalités et injustices et au changement climatique, et, d’autre part, qu’elle adhère à un socle de valeurs inhérentes à la démocratie, au respect des droits humains et à la solidarité internationale.
Une mission de l’aide publique au développement qui doit être soutenue
Consacrant l’importance de l’ECMS dans l’atteinte des ODD, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Consensus européen estiment que le soutien à l’ECMS devrait atteindre minimum 3% de l’Aide publique au développement.
Malgré cela, en Belgique, les dépenses consacrées à l’ECMS représentent moins de 2 % de la totalité de l’aide publique au développement.
Par ailleurs, ces dernières années, l’ECMS a subi plusieurs coupes budgétaire. Enabel a été particulièrement touché, en perdant son programme phare qu’était le « Cycle d’Information Générale » et en subissant une réduction de 40 % du programme « Annoncer la couleur » – programme fédéral d’Éducation à la Citoyenneté Mondiale et aux Objectifs de Développement Durable – pour la période allant de 2019 à 2023 (soit une coupe de 13 millions sur 5 ans, ce qui équivaut à 1,5 million/an).
C’est pourquoi, convaincue de l’importance de l’éducation à la citoyenneté mondiale j’ai déposé, ce 23 janvier 2020, une Proposition de Résolution qui demande au gouvernement de :
– réaffirmer son soutien pour l’Éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire comme outil au service des ODD ;
– réaffirmer le rôle spécifique d’Enabel et des Organisations de la Société Civile en matière d’Éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire ;
– concrétiser son soutien par une affectation de 3% des budgets fédéraux de l’APD aux missions de l’ECMS, tel que le préconise le PNUD, et cela en vue de maintenir la qualité et l’impact de l’ECMS.